14.12.2011
LE MASQUE ET LE MIROIR
"Comment cognait-il ses pierres et par quel abandon passait-il pour vivre si détaché d'elle dans ce logis à l'étage ? Entouré d'une terrasse bordée d'arbres géométriquement taillées afin que la lumière de Toscane pénètre dans les rectangles parfaits qui servaient d'espace de réflexion à Mark-Blixen pour élaborer ses volumes. Disputant la seule parcelle vide de ce lieu, Amina Vallet, muse unique de Mark Blixen, vénérée, autant qu'ignorée aux heures de vie ordinaire vivait là, près de lui comme une ombre toujours disposée ; elle était la seule femme qui pût honorer la sculpture imaginée par son auteur, toujours le même visage inanimé, et le corps exploré minutieusement dans chacun de ses mouvements, si bien qu'Amina Vallet ne parlait presque plus dans la vie ordinaire, sa voix filait c'est à peine si on l'entendait. Son langage devenu celui de gestes précis, fascinait d'autant plus que ses yeux n'exprimaient rien de plus que le vide de cette parcelle réfléchie de lumière où elle avait fini par vivre comme une invention de l'artiste tandis que les sculptures, une fois achevées absorbaient patiemment le souffle vital et la générosité du modèle".
INGA STEINHÖFF : "Mark Blixen, Itinéraires gâchés, Vol III, 1954-1966", (traduit de l'allemand par Dieter Uegars), éditions unheimlich-art, 1977, Düsseldorff
Throbbing Gristle-Almost Like This by ABBIE
Publié dans Ambiguïtés, Art contemporain, Biographie, Erotisme, Littérature étrangère, Musique Electro-pop, Narcissisme, Objets, Portrait, Sons et bruits | 00:19 | Lien permanent | Imprimer