20.02.2012
L’EXTASE MATERIELLE
"De plus en plus, j'ai besoin que l'homme accède différemment au langage. Les romans se jouent de mes impressions. A la limite ils m'éloignent de la solitude essentielle, le récit en est ce relief comme l'ornement dissimule les désastres du sentiment et les angles partout me déplacent, hantent le corps, qui ne pourrait plus éprouver son devenir sans devoir exprimer de partout cette capacité d'endurance, et l'impuissance à l'exprimer, ce qu'il faut de patience afin de mettre à jour le parcours, toute peine dégradée par un flot ininterrompu de conversations, des images, alentour, rien au dedans, juste un parcours avec la chance de perdre tout - partout où le langage se trouve - c'est le cinéma permanent, cette faculté de mouvement personnel devient alors l'étranger, ce moteur en soi déménage, les embarras, au lieu même de l'intimité la culture désagrège, quand le langage ne s'y trouve pas, il y a perte de cet autre en soi, et de l'équilibre essentiel tout devient ornement, coule sur moi et le livre lui-même enrobe ce noyau impossible, déjà vidé, détourné, mais vivant au dehors dans un espace que je n'ai plus la capacité - sauf illusoire - de contrôler ou de mener à ma guise."
JEAN-BERNARD ESTERELLE : "Le roi du rodéo", Edition Palladas, 1991, Rennes,
Publié dans Ambiguïtés, Art conceptuel, Art contemporain, Littérature française, Littérature moderne, Narcissisme, Psycho, Spiritualité | 13:59 | Lien permanent | Imprimer
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