L'HEURE DE LA SENSATION VRAIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jean-Yves le Brouix a lu Beckett, Bourdieu et Armand Lang. Ces trois auteurs sont à l'intersection d'une oeuvre singulière, sans doute parce que Jean-Yves le Brouix est peintre avant d'être écrivain. Il peint sur des tablettes, colle ses motifs sur de l'ardoise, joue et mélange les cartes du monde de la représentation qui existe et qu'il prolonge, prêtant au support autant d'approbation que d'inquiétude, par le truchement du lieu commun, ce qu'il nomme "le trichement de la légende et de la mémoire attentive". Cette mémoire passe par les figures géographiques ou scientifiques à renouveller et à réaugmenter sans cesse à mesure des progrès de la pensée, jusqu'au shéma de réflection de l'eau, de l'air ou de la nuit. Jean-Yves le Brouix cherche le plus haut lieu commun du monde dans les agrégats et, quand il n'en reste rien, nous tenons encore son silence, sa nuit, son vide comme l'ébauche d'une lettre d'adieu de l'homme pressentant la perte de la mémoire des lieux comme fin inévitable mais aussi comme synthèse absolue de cette obscure nécessité de survie de l'artiste dans le monde de l'homme ordinaire qui, en explorant toutes les voies de la représentation des disciplines élémentaires oeuvre par "trichement de la matière", à recréer sans cesse le commencement du monde."

PIERRE DAFFODI : "Jean-Yves LE BROUIX - ou la représentation des spectres"- revue d'art contemporain "Acaa # 12, édité par L'atelier Holograph Z, 2010, Lausanne.

 NB : Jean-Yves le Brouix expose actuellement à la galerie "Arthus Mensch" jusqu'au 26 Avril à Lausanne, l'exposition s'intitule "Rétrospectrie 1" augurant le premier volet d'une rétrospective totale de son oeuvre qui en comptera dix, prévues jusqu'à fin 2021 dans diverses galeries européennes.

Photo : Affiche de l'exposition "Figures de la génétique 2". L'artiste photographié par Lucie Vandros, © galerie Arthus Mensch 1974.

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