19.04.2012
JOURNAL DU DEHORS
"Je ne peux pas raconter mes journées. On ne me demandait rien de précis, sinon que je sois, disaient ils, "polyvalent", tout en restant -sur le papier- c'était écrit : "responsable logistique d'une équipe constituée d'une trentaine de personnes", laquelle -selon mes supérieurs- n'avait pas le sens des responsabilités, c'est pourquoi on m'avait nommé, moi, car je sortais des grandes écoles, on exigeait de moi, que je touche à tout, autant qu'à pas grand chose, et le reste étant indéterminé, je suppose, entre deux, je ne sus jamais quel fût réellement mon rôle ni à quoi je passais mes journées. Toutefois j'entrais dans le costume de ma fonction et ma nouvelle présentation faisait un effet prestigieux sur mon entourage, dans ce mobilier blanc de formes simples, et cependant décontractées. En ce petit monde de paperasse extrêmement ordonné, il y avait ceux qui travaillaient dans des bureaux séparés par une cloison du genre contreplaquée, c'était ceux qui oeuvraient sous ma responsabilité et qui n'avaient pas de contact avec moi, ou juste par l'entremise de Melle Alicia Chaumier, qui dirigeait le pôle secrétariat, elle aussi responsable d'une trentaine de personnes, qu'elle ne rencontrait pas ou bien hors des horaires-bureaux. A l'étage, il y avait la direction disposant des parts de marchés pour les sites touristiques à venir, ils se partageraient les bénéfices des archives historiques que j'allais inventer."
PATRICK MADRANGE : "Flexi-France", édition 'IncisIV, 2006, Beauceville
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Publié dans Ambiguïtés, Art contemporain, Art de vivre, Autobiographie, Littérature française, Littérature moderne, Livre, Narcissisme, Portrait, Psycho, Sociologie | 00:31 | Lien permanent | Imprimer
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