LE RENDEZ-VOUS DES HEROS

 

"L'un des agents nous désigna la foule qui courait derrière nous et plus près il y avait une masse de corps accrochés aux grilles de ces jardins en friches qui seraient transformés en domaine attractif, ça devenait leur zoo. C'était donc vrai la chose qu'on racontait là bas et personne n'y croyait. On avait dû passer prétextant une promenade, on faisait comme tout le monde, on dérivait pour voir. On s'accrochait aux grilles, et on se bousculait pour tenter de saisir. A travers le portail nos yeux se régalaient d'une débâcle de peuplades en train de s'affranchir de toutes les oppressions. Tenues par des agents qui maintenaient encore un semblant d'ordre public face à ce peuple hagard, des filles dénaturées, préparaient sous nos yeux, l'étalage d'un festin qu'on eût dit effroyable. Horace nous précédait toujours à contre-coeur, il n'en revenait pas de voir que nous allions adorer ce spectacle. Il luttait entre tous, natif de la campagne il connaissait ce rite qui revenait cyclique, sans laisser de preuve mémorable. Il en résulterait une confusion mentale encore plus effroyable que ce festin du diable dont le fumet de viandes faisandées commençait curieusement à nous persuader de la valeur des charmes de cette obscurité."

 

GERARD DELLAIRE : extr. "Versipellis-Blues", éditions du Lambi", 2013, Ballan-Miré.

  

 

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