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23.12.2010

LA MODIFICATION

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"Notre pays de cocagne était plein de beaux sentiments, tellement puissants, que nos intentions  personnelles, et autres particularités, disparaissaient peu à peu sous le joug d'un idéal collectif absolu rongeant jour après jour tout ce qui nous avait paru jusqu'alors essentiel pour nous sentir utiles, et surtout vivants. Nous ne changerions pas le cours des évènements, nos utopies avaient détruit nos individualités, nous en ressentions tous un désastre intérieur insupportable, même s'il était tabou d'évoquer le sujet ensemble, sous peine d'exposition à un ostracisme ou quelques remontrances susceptibles de mener nos élans les plus francs à un échec bien trop lourd, jusqu'à les ridiculiser face au groupe qui se devait d'être uni en apparence. Je m'aperçus alors que l'univers où je m'étais donné sans compter était aussi pyramidal, plus étriqué que celui de mon père qui, âgé de soixante-dix ans se trouvait moins étiolé que moi et clairement moins amer. Il avait au moins réalisé ses "petits" rêves, et moi, qui en avait de si "grands", il ne m'en restait rien. J'avais trente et un ans, et je n'avais rien vu venir. Cet engagement m'avait ruiné mais je n'avais pas d'autre ressource pour l'instant que de faire semblant d'avouer devant notre groupe, que j'étais déprimé en raison de ma nature mélancolique. Après quoi, ils m'avaient jugé faible pour m'offrir quelque rôle important au sein de notre organisation. Celle-ci était passée sans préavis du mouvement libertaire issu de la contestation hippie aux diktats révolutionnaires jusqu'au nom même d'organisation. Leur projet disaient-ils allait faire advenir avant l'an 2000, des mutations politiques et sociales de grande envergure, ils étaient convaincus qu'à les voir si bien infiltrés dans ses rouages, le vieux monde ne pourrait jamais s'en relever."

PIERRE MORILLE : ext. "La fin des illusions", éditions des Contrastes, 1975, Nanterre.

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