ON ACHEVE BIEN LES CHEVAUX

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Il suffira de trinquer et nous boirons ce verre de l'amitié. Nous ferons ça à l'ancienne, vous savez bien Mano ! dans le temps, on empoisonnait beaucoup ici,  alors les invités se méfiaient, pour s'assurer que tout était en règle, les anciens mélangeaient le contenu des verres avant de trinquer. Nous ferons ainsi, n'est ce pas ? Nous ferons comme eux ! vous n'y voyez aucun inconvénient, j'espère ?". Mano acquiessa sans broncher, Nono regardait ses mains aux ongles tout rongés. Tonio répondit "Ce sera comme vous voulez, m'sieur Calliarino ! on va attendre grand-père, il ne devrait pas tarder." A la cuisine, le vieux préparait son plateau. Une assiette de charcuterie, bien présentée, quelques toasts au pâté, quatre verres d'un excellent vin de Sartène, et dans le cinquième, il ajouta un peu d'arsenic juste de quoi ... Cette fois le pigeon était gros, Calliarino, une des plus grosses fortunes de la région, pas très facile à approcher mais au bout de plusieurs mois, ils avaient bien sympathisé. "Pas le genre à se méfier" pensa le vieil Alfredo en suçant son doigt plein de pâté, et il parût radieux au salon... La petite rabattait ses fiancés avec de plus en plus de savoir-faire. Elle prenait goût doucement à l'affaire. Et bien evidemment, tout ça ne sortait pas de la famille..."

MATTEO CASTELLIONE : "Histoires étranges du hameau de Romanacce", éditions Antone Peladoni, 1987, Sartène.