06.01.2012
L’EXPERIENCE CONTINUE
"Voilà ce que ne veut pas voir l'homme qui marche et ne pense à nul autre besoin que son but. Le voici, il approche, il vous colle un outil dans la main. Il marche vite, court déjà vers son happy end. Vous suivez. Il va dans les objets, il est à son aise avec eux, c'est droit, ça donne son prix, ça adhère aux surfaces. Vous payez. Il s'attache. Le voici, dans la rue, aux aguets. Il achète ce qui lui ressemble. Vous mimez. Tout ce qui vous ressemble est à lui. Vous êtes à lui. Il est premier. Il a conscience que cette logique est une entreprise intranquille. Il craint tout. L’éventuel ennemi est tapi, qui pourrait l'obliger à renoncer à ses projets. Il vous tient à distance, il lutte contre l'imprévu. son temps est planifié. Vous notez. Là où se trouvent les objets, c'est un peu sa maison. Toutes les grandes surfaces le lui disent. Vous répétez. Il surveille les fluctuations. Il ordonne, ce qui est bon, pas bon, est consigné chaque jour, dans un cahier. Il vous charge. Les chiffres demeurent les serments les plus sûrs qu'il révise. Les objets qu'il chérit intercéderont sur ses rencontres. Il ne leur manque que la parole, qui pourrait l'attendrir plus que le coeur de ses semblables, plus que toutes les expériences du hasard, dont il affirme de source sûre avoir à présent fait le tour. Vous avez intérêt à comprendre."
MICHEL CADILLAC : "Cent styles d’êtres", éditions "Communs Songes", 2011, Louhans.
Peinture : © Vladimir Herstiëscz 2010
Publié dans Ambiguïtés, Art conceptuel, Art contemporain, Essai, Littérature française, Littérature moderne, Livre, Narcissisme, Objets, Photographie, Portrait, Psycho | 07:27 | Lien permanent | Imprimer
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