04.03.2011
CHACUN SA VERITE
"Longtemps elle l'avait attendri sur son sort d'orpheline. Elle avait grandi à Chicago, elle vouait un culte aux photos de ses parents ceux ci étaient morts dans un terrible accident de voiture, alors qu'elle séjournait en vacances dans la villa de son parrain Ronnie Bird à Ramatuelle. Elle racontait en pleurant son adolescence dans un pensionnat religieux français. Puis elle avait subitement balayé son passé. Plus tard, elle refusa d'évoquer ses souvenirs, surtout celui de l'accident qui lui causait toujours les mêmes crises nerveuses. Maintenant elle s'occupait de mettre en ordre ses récits de voyages qu'elle recopiait patiemment dans un cahier. Jean l'aidait à rédiger, cela ferait un jour un livre. Il était professeur de littérature comparée à la Sorbonne, du moins c'est ce qu'elle racontait à tout le monde. Elle prétendait que cet été, elle présenterait Jean à sa famille, son père biochimiste (et chercheur renommé, travaillant lui aussi dans une grande université américaine), serait sans doute ravi de le rencontrer."
DELPHINE AMELIN extr. "La Mythomane", éditions du Pourpre, 1988, Rennes.
Publié dans Ambiguïtés, Littérature française, Littérature moderne, Psycho, Roman | 23:29 | Lien permanent | Imprimer
Les commentaires sont fermés.