10.02.2011
LE VILLAGE DANS LA MONTAGNE
"Il regarda à nouveau la rivière vers l'aval, il y avait des végétaux inconnus qui mouraient, dont les oiseaux se nourrissaient aux rives, Antonio en trouvait de nombreux chaque nuit, entre les joncs, échoués sur la terre, il y en avait tant, comme lapidés par des cailloux. Antonio venait les ramasser vers 10H00 du soir, afin d'éviter qu'une vague de panique ne confirme les premiers racontards qui couraient au village. Campanello, depuis des semaine l'épiait derrière une haie, il arrivait avec son enfant, qu'il asseyait à côté de lui ou sur la branche d'un arbre. Il était sûr que c'était Antonio qui versait du poison, la nuit, autour de la rivière, et revenait ramasser les oiseaux. morts ensuite. Il s'était même persuadé que c'était pour revendre leurs plumes, en ville, recherchées par les chapeliers. C'était là, qu'Antonio l'avait surpris, l'enfant assis sur une branche, plus loin, regardait la scène sans bouger. Campanello était simple d'esprit, il n'y avait rien à en tirer. Antonio lui demanda de garder le silence, lui tendit en échange, une liasse de billets. Campanello compta, c'était une somme considérable, de quoi acheter des tuiles neuves pour refaire le toit de sa maison. Il s'engagea à garder le silence, jura sur la tête de sa femme et de son fils, une poigneée de main entre les deux hommes scella le contrat. L'enfant n'était plus assis sur la branche, il remontait doucement le chemin jusqu'au village. Il venait de comprendre que la parole et le silence avaient un prix."
AURELIO BARNELLI : "Contes de la province du Monte Corvo et autres nouvelles", (traduit par Agnès Devers), éditions di Celestino, 2009, Teramo.
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