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05.01.2014

L’OMBRE DES FLEURS

l'ombre des fleurs,raphaël trigoullet,"vues du siam et de saint cervy",poème du coureur,éditions jean phlippe cliquet,vic en bigorre,roman moderne,poésie

 













"Petit bouton de bakélite. Tu le remets bien à sa place. Tu luttes contre le gaspillage, tu parles de briquettes. Ton grand mari joue au poker avec ses copains au "Brise-glace"Où vas tu, ma splendeur ? Ces choses sont passionnantes, en dedans elles contiennent toutes tes vérités de femme, une nature avant tout charmante, il se peut que tu deviennes lasse des pédaliers du Grand René, de ses grosses quilles écartées quand il revient saoul du "Brise-Glace. D'un seul coup mon aigle royal cueille une fleur à l'authentique, de la finesse d'un oiseau rare, je m'y présente à bicyclette devant ton Sacré-Coeur. Peut-être ne suis-je pas à ma place ? Je suis bonze, tu suces à merveilles les petits glaçons à cinq heures jusqu'à sept heures au grand hôtel, je te suis comme un chien te garde, tu pèleras des pommes et des poires quand je porte douze mille épées à ma ceinture pour ouvrir tes yeux clairs, ce sera du régal, comme si je savais à l'avance t'emporter loin d'ici. Touche ces mimosas de paille qui me font des accroche-coeurs, mes boucles blondes à tes paniers, tes pots, les cendriers du fils qui t'enfument d'un feu pyromane, mes pinces à vélo sont des crabes au milieu des vrilles et des plans d'eau de ta basse cour où les aromates moisissent, mets sur ta jupe en friselis, un vêtement contre les pluies, je déchire ta popeline bleue en trace des routes jusqu'au Texas avec ma guidoline grasse comme le sang du plus grand sprinterLes logements américains nous seront plus spacieux, ou si tu veux laisse moi en face, je guetterai jusqu'au mois d'Avril, avec mon pantalon fendu, ta silhouette taillée en cisaille retourne vite à Saint Cervy , faire ton râble, et tirer les chasses, sonner la cloche de l'hôpital dans l'oeil globuleux du mari. Et sur ton plat creusé tout simple, à ouvrir des milliers de fruits, tu videras ton Sacré-Coeur, tu gaveras de confitures tes deux mordus de cochonnailles."


RAPHAËL TRIGOULLET : "Vues du Siam et de Saint Cervy " suivi de "poèmes du coureur", édition Jean-Philippe Cliquet, 2012, Vic-en- Bigorre. 

 

Image tirée du film "Brigitte et Brigitte". Tous droits de reproduction interdits. 

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