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06.01.2011

LE VIEIL HOMME ET LA MER


podcast

 

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"L'homme buvait et mangeait la mer, il savait que le boto possédait un cerveau proportionnellement plus lourd que le sien, il s'impatientait quelquefois ne pouvoir apprendre assez vite son langage mais il notait chaque jour ses progrès dans son carnet. Le boto possédait le pouvoir de le faire rire sous le théâtre de fêtes lumineuses que l'animal improvisait sans doute pour apprivoiser le vieil homme, lentement, à son tour... Tout cela devait dépendre  aussi des lunes ou du mouvement de la terre, le vieil homme ignorait s'il lui resterait assez de temps pour observer le cachalot, sa grande passion ou percer à jour les mystères de ces mondes multiformes, qui pour l'instant lui donnaient du fil à retordre, des monde lascifs ou affamés, comme celui de la physalie, cette créature élémentaire microscopique, fascinante qui lui envoyait des signaux au milieu de la nuit. A force de vivre ici, le vieil homme captait tout, au gré des eaux, les points roses, les tentacules, et ces miliers d'yeux primitifs qui semblaient lui tourner le dos. Et puis il y avait les coraux cachés dans leurs refuges, ondulant au coeur des jardins sous marins que l'homme entretenait depuis qu'il était en exil, (pour avoir commis une erreur, au sein de l'institut océanographique où sa tâche était d'entretenir les aquariums). Il l'avait avoué, il avait commis l'erreur impardonnable sans aucune raison  qui vaille cette punition, cet exil aujourd'hui, il avait dérobé une fleur en apparence inoffensive, une fleur cruelle et carnivore, (pour l'unique caprice de lui rendre sa liberté) ; une anémone de mer couverte d'aiguilles empoisonnées qui avant de périr, avait tué le plus illustre chercheur de l'institut, le doyen océanographe Hubert Feldmann, le seul homme qui fût capable de percer le secret du courant de Humbolt. Face au drame et aux conséquences désastreuses de cette faute, le conseil disciplinaire de l'institut avait décidé d'envoyer le vieil homme sur un ban de terre, une île, au large de la côte de la Louisiane  dans un coin isolé, là où, tôt ou tard, la puissance d'une seule vague risquerait de toucher la terre ferme, pour y détruire toute forme de vie."

 ERNEST MAYLER : "The Institute of Oceanography", (traduit par Dominique Odin). Editions Underseas-books, Londres, 1976.